Retour sur le stage d’Inès Genty, élève de l’Ecole de Condé

Alors que la Fondation de l’université de Strasbourg et la Bnu ouvrent une nouvelle campagne d’appels aux dons pour soutenir les projets de l’établissement. Nous vous proposons un retour sur une opération rendue possible par la générosité des soutiens de la Bnu. Elle permet à l’établissement de mettre en valeur l’expertise et le savoir-faire de ses équipes tout en œuvrant à la préparation des collections qui seront présentées et étudiées dans le cadre du projet de musée des civilisations du Proche- et du Moyen-Orient.

L’atelier de conservation-restauration de la Bnu a accueilli durant six mois Inès Genty, élève de l’Ecole de Condé. Nous avons échangé avec elle au sujet des missions et des projets menés durant cette période au sein de ce service emblématique de l’établissement, en particulier, sur sa collection de manuscrits arabes.

Olivier Princet : Bonjour Inès Genty, pouvez-vous nous parler de votre parcours et nous dire pourquoi avoir choisi de réaliser ce stage à la Bnu ? 

Inès Genty :

Actuellement étudiante en conservation-restauration d’arts graphiques et livres, j’ai choisi d’orienter mon master sur l’étude et la restauration de livres en langue arabe. Effectuer un stage de longue durée à l’atelier de la Bnu de Strasbourg était donc pour moi une véritable opportunité puisqu’elle conserve plus de 200 manuscrits arabes. Qui plus est, la qualité du travail et le dynamisme de l’atelier de restauration de la Bnu ont une certaine renommée qui a contribué à ce choix.

O.P. : Quelles furent les missions octroyées dans le cadre de votre stage à la Bnu ?

I.G. :

Je suis arrivée début juin pour une durée de stage de six mois et l’accueil a tout de suite été chaleureux. J’ai eu la chance de choisir les ouvrages sur lesquels je devais travailler. Ainsi sur toute la première moitié du stage, j’ai réalisé la restauration de quatre manuscrits arabes de périodes et de styles différents. Pendant la seconde moitié, des missions plus diversifiées m’ont été données afin de découvrir des techniques de restauration spécifiques et pour travailler sur d’autres types d’ouvrages, occidentaux cette fois-ci.  Bien que l’équipe de l’atelier soit polyvalente, chacun possède une spécialité avec un domaine d’expertise : c’est pour moi une des forces de l’atelier. Cela m’a permis d’en apprendre énormément de chacun et de varier mes objets d’étude.

O.P. : Pouvez-vous évoquer vos découvertes lors de votre stage et, plus spécifiquement, nous dire dans quels domaines d’interventions vous avez acquis une plus grande expertise durant votre stage ? 

I.G.

Ayant réalisé la majorité de mes stages dans des ateliers privés, rejoindre une institution comme la Bnu était pour moi un moyen d’en apprendre davantage sur le fonctionnement global d’une bibliothèque publique mais également sur les missions d’un atelier comme celui-ci. J’ai notamment pu prendre part à une campagne d’évaluation sanitaire des incunables qui est toujours en cours, mais également comprendre le rôle des restaurateurs et le projet global de conservation de la bibliothèque. La pédagogie de l’équipe m’a permis de perfectionner ma pratique en m’exerçant particulièrement sur des reliures extra-européennes.  

O.P. : Quel regard portez-vous sur les différences entre le travail de restauration d’un atelier privé et d’un atelier dans une structure publique ? 

I. G. :

J’ai appris qu’ici, le choix des restaurations est déterminé par le programme d’exposition et de numérisation. En dehors de ce cadre, l’atelier s’appuie notamment sur des recollements effectués en amont pour traiter en priorité les ouvrages les plus précieux et ceux considérés comme urgents. Contrairement à l’atelier privé, où il faut répondre aux demandes spécifiques des clients tout en apportant une expertise, la restauration des fonds publics vise avant tout à stabiliser les ouvrages en privilégiant des interventions minimalistes. Ces interventions, majoritairement pratiquées, ont pour objectif de permettre une manipulation sécurisée, d’assurer une conservation optimale en réserve, et de préserver les témoignages historiques présents sur les objets.  

O.P. : Votre stage touche (déjà) à sa fin, quelles sont vos perspectives ?  

I.G. :

À la fin du mois de novembre, il sera temps pour moi de retourner à Paris pour terminer mes études. Cette dernière année sera dédiée à la restauration d’un corpus de mémoire, composé de trois livres de prières conservés à l’Institut du monde arabe (Paris). J’emporte ainsi avec moi les savoirs transmis par la bibliothèque ainsi que les merveilleux souvenirs des rencontres faites, de Strasbourg et de ses alentours.  

Les équipes de la Bnu remercient Inès Genty et l’Ecole de Condé pour ce travail réalisé aux côtés des équipes de l’atelier de conservation-restauration. Ce stage constitue un exemple important de la stratégie de l’établissement destinée à partager les savoirs sous toutes ses formes : expertise et spécialisation de ses restaurateurs/restauratrices mais aussi sauvegarde de son patrimoine écrit exceptionnel afin qu’il continue à être accessible pour le plus grand nombre. C’est aussi un exemple concret des projets qui peuvent être mené dans le cadre du musée des civilisations du Proche- et du Moyen-Orient qui rend d’ores-et-déjà possible l’opportunité de participer à la sauvegarde d’un patrimoine séculaire parfois en péril.

Propos recueillis par Olivier Princet, chargé de communication à la Bnu.

Si vous aussi vous souhaitez soutenir les projets et les équipes de la Bnu, n’hésitez pas à donner directement sur la page dédiée de la Fondation de l’université de Strasbourg et/ou à relayer cet article sur les réseaux sociaux.

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