Retour sur la session de l’école d’été interdisciplinaire de l’ITI MAKERS “Le web comme source pour la recherche”

L’ITI MAKERrS de l’Université de Strasbourg, en partenariat avec le GIS Euro-Lab – Réseau interdisciplinaire de recherche sur l’Union europénne, a organisé à Strasbourg du 3 au 6 juillet une école d’été interdisciplinaire.

Si la rencontre a fait la part belle aux travaux des doctorants, la thématique abordée cette année s’est concentrée autour de la production, l’accès et l’analyse de sources et de données en sciences humaines et sociales.

Retrouvez ici le programme complet de la rencontre.

Les problématiques épistémologiques et enjeux divers entourant les données de la recherche sont depuis toujours au coeur du travail des chercheurs, le développement des humanités numériques depuis une quinzaine d’années renouvelle les pratiques de recherche, apportant son lot de nouveaux questionnements sur la collecte, le traitement, l’analyse et la préservation de ces données. Le développement de la data literacy ou culture des données, traverse tous les acteurs de la recherche et réinterroge leurs pratiques professionnelles. Cette nouvelle donne impacte par conséquent l’ensemble des services d’appui à la recherche, qui se structurent pour accompagner les chercheurs dans cette voie. En Alsace, l’atelier de la donnée ADELE Helpdesk constitue une réponse commune des établissements de recherche et d’appui à ces nouveaux enjeux autour de données, dans un contexte de science ouverte. Les services de bibliothèques sont pour partie les opérateurs et les ambassadeurs de ces nouveaux services d’accompagnement, leur engagement sur ces sujets s’affirmant en même temps que les pratiques autour des données de recherche numériques se développent.

Retrouvez une présentation d’ADELE, l’atelier de la donnée du site universitaire alsacien dans un précédent billet.

Lors de l’après-midi du 4 juillet consacrée à la thématique “Le web comme source pour la recherche : collecte, traitement et analyse des données issues du web”, l’équipe de la Bnu a été invitée, avec ses collègues de la Bibliothèque nationale de France (BnF), à présenter un service qui incarne en partie cet accompagnement autour des nouvelles sources numériques pour la recherche mises à disposition par les bibliothèques. Les archives de l’internet français sont collectées de façon régulière depuis 2006 par la BnF dans le cadre d’un élargissement de sa mission de collecte du dépôt légal aux nouveaux médias tel que le web (loi DADVSI).

La Bnu, en tant que bibliothèque de dépôt légal imprimeur et pôle associé de la BnF, offre un accès en région et intra muros à cette ressource de même qu’aux contenus audiovisuels collectés par l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) qui se partage avec la BnF la responsabilité du dépôt légal du web.

Nous vivons depuis plus de trente ans avec l’internet comme une composante de notre quotidien, ce média est aujourd’hui prédominant. Aussi la donnée n’est pas nouvelle et la préoccupation de conserver une trace de celle-ci remonte au mi temps des années 1990 avec la création d’Internet Archive. Il aura fallu encore près d’une décennie pour mettre en place le cadre légal et technique adéquat permettant de préserver une trace substantielle de cet internet français. A ce titre, la situation pour chaque pays est inégale et le rôle des organisations internationales pour fédérer les initiatives et diffuser les bonnes pratiques s’avère prépondérant.

Les travaux de recherche mobilisant le web comme source, en particulier avec une approche de lecture distante sous la forme d’une donnée compilée et analysée avec les outils statistiques, sont restés longtemps l’apanage d’une communauté de chercheurs plutôt confidentielle. Avec une diffusion de plus en plus large des outils et méthodes d’analyse computationnelles dans les sciences humaines et sociales, cette communauté tend à s’étoffer d’année en année, comme en atteste la présentation de Mme Avril et de M. Brissaud  qui s’appuient sur l’analyse du web vivant pour étudier les protagonistes de la cour de justice de l’Union européenne. Une approche critique du web comme source pour la recherche a été développée en conclusion de cette session par Frédéric Clavert de l’Université de Luxembourg.

En dépit de ce succès croissant du web comme partie intégrante des projets de recherche, l’offre de service d’accompagnement du côté des bibliothèques n’est pas encore standardisée, chaque projet portant une approche renouvelée de la source qui nécessite une réponse adaptée. C’est dans cette perspective que le Datalab de la BnF met chaque année le pied à l’étrier à plusieurs projets de recherche grâce aux appels à projets favorisant l’accueil de ces projets en résidence. La Bnu s’inscrit dans ce sillage en accompagnant des équipes alsaciennes dans l’exploitation de ces archives du web par la mise en place, sous la forme d’un partenariat tripartite, d’un espace numérique sécurisé adéquat. Elle entend ainsi participer à ouvrir de façon croissante ce patrimoine nativement numérique et à le rendre plus accessible aux équipes de recherche.

La Bnu invite toute personne intéressée à prendre rendez-vous via le formulaire de contact pour effectuer en binôme avec un bibliothécaire une session de découverte de ces archives du web.